Mathieu L'Heureux Roy

      *Extrait du documentaire "Bien plus qu'un métier" par Duane Cabot.

Démarche artistique

Si nous tentons de prendre du recul sur le mode de vie effrénée dans lequel nous vivons, nous constaterons que, comme plusieurs philosophes, nous sommes ,ou du moins très près de l’apogée de l’individualisme. Dans un monde dominé par le “Je” ou le “Tu”, ma photographie s’inscrit dans le “Nous”. Pourquoi faire dans le "Je" alors que je suis rien sans vous!

Comment en sommes-nous arrivés là? Où allons-nous? Pourquoi construire en détruisant? Pourquoi tout laisser en friche?

Lorsque l’on remet en question la rationalité de l’être humain, on se rend compte que cette rationalité est malléable. La capacité d'adaptation de l'être humain est plus grande que son intelligence. L'humain n'a pas besoin de plus d'intelligence, il a besoin de plus de sagesse.

En m’inscrivant dans le “nous”, notre histoire, nos sentiments collectifs, j’invite le spectateur à se questionner sur différents aspects de sa propre vie partager par chacun de nous.

Il est important pour moi d’être dépourvu d’esthétisme.

Il vient un temps ou la simplicité se complexifie. J’aime les choses simples, lorsque l’on réussit à dépouiller l’oeil du superflu une certaine banalité intrinsèque se révèle. Cette banalité partagée par tous devient après un certain nombre d’années l’expression du vecteur social vécu.

La photographie étant ancrée dans l’humain et/ou vice versa. L’acte photographique devient ou est simplement un procédé qui donne une dimension à la réalité.

En ce sens, l’acte photographique n’a pas de littérature contrairement à la peinture, la musique, le dessin, la sculpture, le théâtre, etc.. La littérature photographique nous renvoie très rapidement à des éléments sociologiques, psychologiques, historiques, ces éléments qui nous habitent.

 

 

Courte Bio

J’ai eu la chance de grandir avec un appareil photo, tout jeune j’étais heureux de saisir certains moments. Après un certain temps, j’ai réalisé le potentiel de ce medium.

J’ai étudié la photographie au Canada et en Australie où j’ai rencontré des professeurs formidables. A travers mon travail et mes voyages, j’ai rencontré de nombreux photographes, certains plus célèbres que d’autres mais la plupart ont une chose en commun ; ils ont un devoir d’archives, le devoir de mémoire.

Invité par le Banff Art Center pour effectuer des tirages en 2001, je n’ai pas arrete de travailler en photographie depuis ; Photographe en chef pour ACP Media en Nouvelle-Zelande, Membre fondateur d’AC-Press en 2003 et président jusqu’a sa dissolution en 2011.

Photographe pigiste et technicien de laboratoire, tireur professionnel (en chambre noire), bref 20 ans de travaille en photographie. Depuis 2014, mes oeuvres se retrouvent dans plusieurs collections privées; France, Suisse, Italie, Canada(Quebec,Ontario, Nouvelle-Écosse,Nouveau-Brunswick, Alberta, Colombie-Britanique,Yukon), États-Unis et l’Australie.

 

-Style 

Le style se développe au fil du temps, aucun peintre ou photographe n'est né avec un style, le style se crystalise avec l'expérimentation et l'expérience. Loin de moi l'idée de me comparer à Adams(Ansel), Dombrovskis(Peter), Szilasi(Gobor), Depardon(Raymond), et la liste est bien longue mais je tend à apprécié un style classique, très classique. Mr.Adams et Dombrovskis étaient des photographes reconnus pour leur patience et leur assiduité au développement. Parfois le paysage met à rude épreuve ma patience mais même après quelques mois d'attentes la réussite est appréciée et sans avoir l'expérience d'Adams je perfectionne le tirage en chambre noire depuis maintenant 15ans. Mr Szilasi et Depardon sont des photographes qui vont chercher la beauté dans les moments qui peuvent sembler communs, exprimer la sincérité, la fragilité des paysages façonnés par l'humain sont pour moi la base ma réflexion photographique.

J'ai essayé plusieurs styles, le portrait, la photo-reportage, etc.. J'ai adoré les photos contrastées, graphiques, le procédé-croisé, mais aujourd'hui j'aime la photographie pour ce quelle est ; des gammes de gris pratiquement sans fin, des couleurs douceschercher toutes les nuances de couleurs des paysages d'automne par exemple. J'aime avoir la dernière touche d'interprétation en chambre noire car la photo est un instantané du moment mais les subtilités du paysage ne sont pas toujours présentent ou des parfois manque d'intensité, en chambre noire je m'assure de rendre les sentiments, l'intensité du moment.  

-Paysage  

Les photographies de paysage démontre la pureté, le plus grand que soi. Dans un monde ou tout vas très vite, ces paysages se révèlent l'instant d'un moment éphémère. Ces photographies sont une zone intemporelle car ces paysages ne reproduisent pas, c'est la capture du moment qui est partagé. J'effectue beaucoup de repérage dans la région, une fois un lieu choisi je peux m'y déplacer à maintes reprises et même parfois je peux patienter jusqu'à six mois pour avoir le soleil à un certain endroit. Avec le temps on apprend à transgresser certaines règles, j'ai pris des clichés mémorable à midi tapant. Je travail beaucoup avec la composition, c'est pour moi l'aspect le plus important et souvent négligé par les photographes. Pour moi, l'important c'est de garder l’œil du spectateur actif, ne pas lui donner le centre, je veux qu'il regarde l'ensemble de la photo, qu'il s'arrête au petits détails, qu'il parcoure le paysage comme moi je l'ai parcourus ; en prenant le temps.  

 Ces clichés démontre l'appropriation du territoire par l'humain. Que ce soit en construisant des agglomération, des moyens de transports ou par l'agriculture, l'humain altère forcément le paysage. L’homme fait partie du paysage.

-Éléments historiques techniques 

J'utilise un procédé argentique pour me rapprocher de l'état de création du premier essor du huitième art. Ce procédé me permet de retrouver la respiration, les gestes, les sensations et d'apprivoiser l'approche temporelle de la photographie. J'avais délaissé l'argentique à la sortie de l'école, dans le milieu de travail le numérique à suplanter l'argentique pour des raisons de gestion du temps et de viabilité économique. La photographie argentique permet un plus grand contrôle sur le rendu du produit final comparé à l'instatané du polaroid ou du numérique. Ce contrôle me permet de me rapprocher le plus possible du sentiment vécu lors de la prise de vue. L'élément analogique nous rapporte aussi à l'invention de la pellicule il y  a maintenant 130 ans, sans être nostalgique, cette aspect nous situe dans un espace temps. Outre ce fait historique, j’essaie de prendre des photos qui ne sont pas emprise dans un espace temps.  

Mon appareil de prédilection est le Rolleiflex, il est doté d'une qualité optique incomparable.  C'est un appareil qui n'a aucune(ou une seulecouche protectrice sur l'objectif ce qui le rend moins contrasté, beaucoup plus doux, les couleurs sont à mon sens plus près de ce que je percois. Les modèles que j'utlise date de 1958 et 1959. Ces appareils ne requiert pas de piles et n'ont pas de photomètre. Le bi-objectif permet la prise de vue au niveau des hanches, dès lors un processus de création s'inscrit lors de la prise de vue, la recherche du cadre car il n'est pas la vision que nous avons. Leur déclenchement est extrêment silencieux ce qui est un avantage non négligeable lors de reportages. Dès le début des années 60 les photo-reporters en font leur caméra préférés et plusieurs photographes célèbres utiliseront le Rolleiflex ; Lee Miller, Doisneau et Robert Capa pour ne nommer que ceux . J’utilise aussi d’autres caméras, principalement Linhof que ce soit au 6x9 ou au 4x5, des caméras que je réserve au noir et blanc. Mes objectifs de prédilections sont Rodenstock, que j’utilise aussi sur mes Linhof qu’en chambre noire. Mes agrandisseurs sont pourvus de Rodenstock APO Gerogon. 

 

 

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